Ce
mouvement dans lequel le corps plonge est à la fois simple et complexe. D’une
simplicité qui ne laisse pas d’ambiguïté sur sa forme, et d’une
complexité qui ne se laisse pas saisir, qui
échappe nécessairement au contrôle volontaire. Tout comme celles de la calligraphie, ses contraintes de forme
sont précises et rigoureuses, en sorte d’échapper à une fantaisie
superficielle, et tenter un peu d’évoquer l’invisible, de
s’approcher d’un sens. Dans les deux disciplines, la répétition et la durée de l’exercice impliquent un épuisement
du geste et de la forme, un épuisement de l’interprète pour qu’il n’entrave pas
ce qui doit se dire, s’écrire, se manifester. Autant le trait défini un espace vide sur la surface, autant le mouvement
qui va impacter le corps naît dans le vide qui l'entoure. Avec le temps, ces contraintes mécaniques sont devenues une technique
à part entière, dont l’exercice m'a permis de réaliser des principes fondamentaux qui se découvrent dans la calligraphie
comme dans la danse :
-Comment l’équilibre se trouve dans l’opposition des forces.
-Comment les évènements sont liés
entre eux, ou comment le
signifiant s'inscrit dans un temps, un rythme.
-Comment le mouvement,
omniprésent, se renouvelle à l'infini, ou comment une même forme traduit des
fonds divers sans jamais s'épuiser.
Autant
de choses qui indiquent un mystère commun, caché derrière les courbes et les
volutes, derrière les mouvements arrondis et les entrelacements.