AragoRn Boulanger


   
    Ce mouvement dans lequel le corps plonge est à la fois simple et complexe. D’une simplicité qui ne laisse pas d’ambiguïté sur sa forme, et d’une complexité qui ne se laisse pas saisir, qui échappe nécessairement au contrôle volontaire. Tout comme celles de la calligraphie, ses contraintes de forme sont précises et rigoureuses, en sorte d’échapper à une fantaisie superficielle, et tenter un peu d’évoquer l’invisible, de s’approcher d’un sens. Dans les deux disciplines, la répétition et la durée de l’exercice impliquent un épuisement du geste et de la forme, un épuisement de l’interprète pour qu’il n’entrave pas ce qui doit se dire, s’écrire, se manifester. Autant le trait défini un espace vide sur la surface, autant le mouvement qui va impacter le corps naît dans le vide qui l'entoure. Avec le temps, ces contraintes mécaniques sont devenues une technique à part entière, dont l’exercice m'a permis de réaliser des principes fondamentaux qui se découvrent dans la calligraphie comme dans la danse :
-Comment l’équilibre se trouve dans l’opposition des forces.
-Comment les évènements sont liés entre eux, ou comment le signifiant s'inscrit dans un temps, un rythme.
-Comment le mouvement, omniprésent, se renouvelle à l'infini, ou comment une même forme traduit des fonds divers sans jamais s'épuiser.
Autant de choses qui indiquent un mystère commun, caché derrière les courbes et les volutes, derrière les mouvements arrondis et les entrelacements.